dimanche 22 avril 2018

Sarah la marinière



A ma petite femme Sarah, qui a bien voulu de moi, un modeste gondolier...

A Venise, un grand seigneur 
A Sarah la marinière 
Offrit, pour toucher son cœur, 
Une fortune princière ; 
Mais en vain il soupira... 
J'aime mieux, lui dit la belle, 
Mes filets et ma nacelle ; 
Non, vous n'aurez pas Sarah.

D'Égypte, le vice roi 
En passant dans sa tartane 
Lui dit un jour : Sois à moi ! 
Je te ferai ma sultane ; 
Mais en vain il soupira... 
Non, dit Sarah, je préfère 
Rester simple marinière ; 
Non, vous n'aurez pas Sarah.

Un jeune prélat romain 
Allant en pèlerinage, 
La trouva sur son chemin 
Et la prit par le corsage ; 
Mais en vain il soupira... 
Non, Monseigneur, je suis sage, 
Portez ailleurs votre hommage ; 
Non, vous n'aurez pas Sarah.

Mais un jour, un gondolier 
Prit une fleur printannière, 
Puis en galant cavalier 
L'offrit à la marinière ; 
Elle à son tour soupira... 
Et l'on vit au clair de lune 
S'embarquer sur la lagune 
Le gondolier et Sarah.

François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) - Recueil : Les loisirs lyriques (1866)

4 commentaires:

  1. Super, extra , merci pour cette pause littéraire d'un charme poétique rare et hélas désuet aux plus !
    La loi est passée et cela servira de texte pour les nouveaux arrivants !

    RépondreSupprimer
  2. Loi 'migrants'.. .. on aura besoin des gondoliers....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ils ont déjà leurs bateaux... bien équipés, ils sont.

      Supprimer