Ô
longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes
coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes
deux yeux sont sources et fontaines !
Ô cruautés, ô
durtés inhumaines,
Piteux regards des célestes lumières,
Du
coeur transi ô passions premières,
Estimez-vous croître
encore mes peines ?
Qu'encor Amour sur moi son arc
essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu'il
se dépite, et pis qu'il pourra fasse :
Car je suis tant
navrée en toutes parts
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour
m'empirer, ne pourrait trouver place.
Louise LABÉ (1524 - 1566)
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