dimanche 16 juillet 2017

Larme


Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, 
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère 
Entourée de tendres bois de noisetiers, 
Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, 
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert. 
Que tirais-je à la gourde de colocase ? 
Quelque liqueur d'or, fade et qui fait suer.

Tel, j'eusse été mauvaise enseigne d'auberge. 
Puis l'orage changea le ciel, jusqu'au soir. 
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches, 
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L'eau des bois se perdait sur des sables vierges, 
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares... 
Or ! tel qu'un pêcheur d'or ou de coquillages, 
Dire que je n'ai pas eu souci de boire !

Arthur Rimbaud.

4 commentaires:

  1. Merci c'est magnifique ! Pensez vous que nous pourrons garder ces mots pour longtemps, quand nous serons résistants,terrés dans les maquis ? Sera t il,notre Bible serrée dans notre coeur, témoin de notre Foi,la gorge égorgée dans les souvenirs d'antan !

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    1. Où que ce soit nous pourrons et nous devrons le faire. Le vrai poète n'a -t-il pas élu domicile partout en ce monde ?

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  2. C'est ainsi qu'il y à des martyres et ....des mémoires à longueur de vie, mon cher Christian !!!!!

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    1. Eh oui... les penseurs sont là pour nous rappeler certaines choses que nous avons tendance à trop oublier.

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