dimanche 12 août 2018

Rêverie


Quand le paysan sème, et qu'il creuse la terre,
Il ne voit que son grain, ses bœufs et son sillon.
— La nature en silence accomplit le mystère, —
Couché sur sa charrue, il attend sa moisson.

Quand sa femme, en rentrant le soir, à sa chaumière,
Lui dit : "Je suis enceinte", — il attend son enfant.
Quand il voit que la mort va saisir son vieux père,
Il s'assoit sur le pied de la couche, et l'attend.

Que savons-nous de plus ?... et la sagesse humaine,
Qu'a-t-elle découvert de plus dans son domaine ?
Sur ce large univers elle a, dit-on, marché ;
Et voilà cinq mille ans qu'elle a toujours cherché !

Alfred de Musset (1810-1857) - Poésies posthumes (1888)

3 commentaires:

  1. Merci Christian des ces parenthèses poétique à chaque semaine.
    Il faut dire que comme de Musset, nous sommes tous dans l'attente,espérant voir le renouveau arriver et transiter par ce grand fleuve qui est la Vie !nos enfants nous garderont aussi, dans l'attente, non de toucher notre patrimoine, mais d'avancer tout ce que nous fîmes et progresser eux aussi ! Nous pourrons enfin dire à notre Créateur : Nous nous étions aussi !

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    1. L'Homme n'est rien dans l'univers qui nous entoure... même pas un petit grain de sable. Nous ne serons jamais. Lorsque qu'il disparaîtra, la course de ce même univers continuera avec ses mystères et son immensité.

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  2. Vrai. Tout bien dit. N'y a plus rien à ajouter

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